Lettre à mon père

Il est  4 h 30 du matin je suis allongé dans mon lit et je pense à mon père.

Il y a trois jours c’était son anniversaire.. Si j’en parle au passé c’est qu’il est décédé il y a cinq ans dans des conditions soudaines et dramatiques. 

Il aurait eu 91 ans mais la mort  en a décidé autrement..

Mon père n’était pas de cette génération d’homme qui dit facilement je t’aime et qui fait étalage de ses sentiments. Pudeur toute masculine d’une génération où l’on cachait ses sentiments et ses faiblesses.

Mais bien souvent les mots sont moins forts que les actes.. Et j’ai le souvenir d’un père aimant chez qui nous allions chercher caresses et des câlins.

D’un père qui n’hésitait pas à travailler au black le week-end après sa semaine de travail pour que nous ne manquions pas de l’essentiel. 

Si je vous parle de ça, les larmes aux yeux,  c’est que finalement je n’ai aucune photo de mon père. Juste deux, trois images dans un album de famille bien trop vide à mon gout.

Avec le temps et les années qui passent, je prends conscience du fait que  je me fou royalement d’avoir ou pas des photos de moi enfant ! Ce qui me manque vraiment. Ce sont des photos des mes parents. .. Ce qui me manque ce sont des photos qui montrent  l’amour qui nous unissait.. 

Cette amour qui se traduit par des rires, des prises de tête, des chamailleries, des câlins

Je n’ai pas de photo de ma mère enceinte de moi ou de mes frères et soeurs, je n’ai pas de photos de mon père me tenant dans ses bras, je n’ai pas de photo de famille… rien, nada, zéro.

Nous sommes de cette génération qui prenons mille photos par jour avec notre portable. Vous prenez mille photos par jour de vos enfants.. Mais vous savez quoi.. vos enfants s’en moquent.. 

Ce qu’il voudront une fois grand c’est des photos de leur maman, de leur papa les tenant dans leur bras, de sa maman lui donnant le sein, le lavant .. des images montrant à quel point vous les aimiez et à quel point vous étiez important pour eux. Et c’est quelque part égoïste que de ne pas leur donner car un jour d’insomnie à 4 h30 du matin ils se diront peut être qu’ils leur manque des photos de leur famille.

Je sais qu’à me lire ça peut ressembler à une publicité pour vendre des photos mais si vous saviez comment je m’en moque à l’heure où j’écris ce texte.. 

Une fois partie. Vous allez léguer à vos enfants, peut être un bien immobilier ou deux, un livret A, une voiture.. Mais ce n’est pas ce qui va combler le grand vide que vous allez laisser derrière vous..

Vos enfants sont comme vous, comme moi.. Ce qu’ils voudront plus tard.. c’est des souvenirs de vous et du lien qui vous unissez.

Je ne vais pas relire ce texte, je risque de le trouver trop pathétique et trop impudique ( j’ai hérité de la pudeur de mon père ) et ne pas le publier.

Je vais me contenter de le laisser en l’état – 

Et papa où que tu sois…  même si je ne te l’ai jamais dit.. Je t’aime…